« Faire Sciences po Paris »… à Reims, c’est comment ?
De la rue Saint-Guillaume à la place Museux, Sciences po bouscule les habitudes. Le célèbre institut parisien a décidé de transférer à Reims une grande partie de son premier cycle. Mais comment faire avaler la pilule aux nouveaux entrants qui s’attendent à faire leur rentrée à Saint-Germain-des-Prés ? Réponse en témoignages.
Marie-Anne Nourry — Publié le 07.04.2015 à 17H30
Le campus de Sciences po à Reims. // © Marie-Anne Nourry
Le campus de Reims en images |
Pas de risque de se tromper sur l’identité du lieu. Comme à Paris, le nom de Sciences po est inscrit en lettres rouges sur la façade de l’ancien collège des Jésuites de Reims. À compter de la rentrée 2018, le nouveau campus situé entre le quartier de la Cathédrale et la basilique Saint-Rémi comptera 1.600 étudiants, soit l’équivalent d’une promotion. En attendant, il accueille à chaque rentrée un nombre croissant d’étudiants. Pour 2014-2015, ils sont 500, dont la moitié d’internationaux, à se partager les spacieux locaux.
Une ambiance internationale
Depuis 2010, le campus de Reims accueille le programme euro-américain de Sciences po.« On trouve à la fois le côté français très académique et le côté américain qui favorise la discussion, observe Gabrielle, étudiante franco-suédoise.
Nicholas Dungan, professeur américain, profite d’un rayon de soleil pour officier dans le jardin, entouré par les étudiants assis sur la pelouse. Au programme : l’évolution des acteurs non étatiques dans les relations internationales. Le cours est très participatif, à l’anglo-saxonne. « Mes étudiants ont vécu aux États-Unis, à Hong-Kong, en Afrique, en Angleterre, je ne fais pas la distinction entre qui est Français et qui ne l’est pas. » 35 nationalités sont ainsi mêlées,avec une forte représentativité des États-Unis.
Un niveau exigeant
Reims se défend d’être un campus au rabais. Bien au contraire ! « Nous avons réussi à changer l’esprit, avant c’était Paris ou rien, commente Françoise Mélonio, directrice des études et de la scolarité à Sciences po. Il y a un vrai basculement et il est aujourd’hui plus difficile d’obtenir une place en région. » À Reims, les étudiants doivent être aptes à suivre un programme 100 % en anglais.
Beaucoup affichent d’ailleurs un profil multiculturel, à l’instar de Paul qui a vécu six ans au Texas ou d’Alexandra dont le père est américain et la mère belge. « Simple française », Cécile fait presque figure d’exception. La jeune femme originaire de Saint-Germain-en-Laye a choisi le campus de Reims dans l’objectif de devenir bilingue en anglais. « J’avais préparé l’anglais au lycée avec la Cambridge university et passé le FCE (First Certificate in English) et le CAE (Cambridge English Advanced) », précise-t-elle.
Des locaux flambant neufs
Le campus est installé dans un ancien collège de Jésuites, vieux de 400 ans et classé monument historique. Il était en ruines avant l’arrivée de Sciences po. Les travaux, échelonnés sur six ans, toucheront à leur fin en 2016. Coût de l’opération : 77 millions d’euros, répartis à parts égales entre la ville de Reims, le département de la Marne et la région Champagne-Ardenne.
Tous les bâtiments, anciens et contemporains, sont reliés entre eux. « Et les cours intérieures évoquent Oxford ou Cambridge à la française », note le professeur américain Nicholas Dungan. Dans la bibliothèque ultra-moderne, construite autour d’un petit patio où un arbre centenaire s’élève vers le ciel, les Macs sont en libre-service.
Un campus à taille humaine
« À ma première rentrée, on était 200 étudiants alors que je venais d’un lycée de 2.000 élèves, sourit Catherine, originaire de Boston. Quand on débarque sans famille, c’est bien d’être en petit comité. C’est plus facile pour créer des relations amicales. » « Le campus est très soudé et on passe tous énormément de temps ensemble », confirme Alexandra, l’étudiante américano-belge qui a obtenu son bac à Versailles.
Autre avantage de la vie à Reims : les logements moins chers. « J’habite en coloc avec une autre étudiante et on paie 440 € à deux pour 55 m2 », détaille la franco-suédoise Gabrielle. « Et ça n’empêche pas de passer le week-end à Paris car c’est à 45 minutes en train », renchérit Catherine.
Une identité déjà affirmée
S’il existe un fort esprit « Sciencespiste » à Paris, chaque campus régional doit bâtir son identité propre. « Au début on était seuls contre tous », se remémore en riant Paul, aujourd’hui en master affaires publiques à Paris et fier d’avoir appartenu à la « promo des pionniers ». On avait carte blanche et on a instauré une vie de campus à l’américaine, en prenant de ce qu’on connaissait dans les lycées internationaux. » Depuis cette année, le jeune homme dynamique est président du tout jeune réseau des anciens rémois.
« Les Parisiens nous voient comme des provinciaux mais c’est typiquement français, glisse une étudiante. Les internationaux n’ont pas ce raisonnement. » Quoiqu’il en soit, tous se retrouveront à Paris pour le master, après la troisième année à l’étranger. Pas de jaloux !
À compter de la rentrée 2018, le campus de Reims accueillera 1.600 étudiants du collège universitaire de Sciences po.
// © Marie-Anne Nourry
Mardi 7 avril 2015
http://www.letudiant.fr/sciences-po-et-pourquoi-pas-etudier-a-reims-1.html#2
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